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Archéologue aux expertises variées, Réginald Auger a collaboré à plusieurs chantiers majeurs au Canada et à l'étranger. Toujours à l'avant-garde, il a créé un programme d'études en archéologie et des laboratoires d'archéologie uniques au Canada, qui font rayonner l'Université Laval dans le monde.

De grands chantiers internationaux

Dès ses premiers travaux de recherche, Réginald Auger s'est forgé une réputation fort enviable. Rapidement, il est invité par la Smithsonian Institution à participer à un projet de grande envergure sur les voyages de Martin Frobisher parti à la recherche d'un passage vers la Chine au 16e siècle. Réunissant des spécialistes européens et nord-américains d'une quinzaine de disciplines, ce projet qui combinait fouilles archéologiques et études archivistiques des journaux de voyage a été honoré du prix Keith-Matthews, décerné par la Société canadienne pour la recherche nautique, pour l'excellence de l'ouvrage Meta Incognita: A Discourse of Discovery, qui découle de cette recherche.

Par la suite, à l'invitation du Service d'archéologie de la Guyane, le professeur Auger a dirigé, pendant 22 ans, un programme international de recherche en archéologie de la période coloniale. Le chantier, sis sur une habitation sucrière appartenant aux jésuites, a permis de mettre en lumière les effets de l'esclavage, le rôle des missionnaires et les enjeux de l'économie mondiale au 18e siècle. La médaille Luc-Lacourcière lui a été remise pour avoir marqué les études ethnologiques grâce à son livre Les jésuites et l'esclavage: Loyola.

Sollicité par le ministère de la Culture de France pour soutenir l'inscription de l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, Réginald Auger codirige actuellement une équipe qui met au jour les vestiges d'un habitat paléoesquimau et d'un site documentant l'ancienneté des Béothuks de Terre-Neuve.

Tous ces grands chantiers, qui témoignent de sa passion et de son excellente réputation à l'international, ont été l'occasion de tisser des liens précieux, qui ont permis aux 40 étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs qu'il a dirigés d'intégrer de grandes équipes de recherche ici et ailleurs. Il a également été responsable, entre 2009 et 2015, d'un cours sur le patrimoine à l'Université d'État d'Haïti.

Un archéologue visionnaire et engagé

Le professeur Auger s'est d'abord démarqué par une méthodologie avant-gardiste. Plutôt que d'emprunter le chemin balisé des études en culture matérielle, il a intégré à sa pratique archéologique l'ethnohistoire et la tradition orale pour mieux comprendre son premier sujet d'étude – la civilisation autochtone – et livrer une version différente de l'histoire. Toutefois, il n'a pas pour autant délaissé l'aspect scientifique de sa discipline. Dès son embauche, il a mis sur pied le Groupe de recherche en archéométrie. Sa volonté d'utiliser les sciences naturelles au profit de l'histoire l'a conduit vers de nouvelles approches méthodologiques ainsi que la publication, avec des collaborateurs des sciences naturelles, d'articles en archéométallurgie, en céramologie et en dendrochronologie. Depuis 2017, il mène, avec une équipe en informatique de l'Université de Rennes, un projet pour développer des outils de diffusion des connaissances qui combinent tomodensitométrie et technologies de visualisation 3D.

À l'origine de la création du programme de baccalauréat interdisciplinaire en archéologie et des Laboratoires d'archéologie de l'Université Laval, Réginald Auger a aussi été directeur du CELAT et codirecteur de la collection Cahiers d'archéologie du CELAT, qui comprend 46 titres. En outre, il a souvent pris position pour revendiquer une meilleure place pour l'histoire dans la société. C'est d'ailleurs pour son engagement indéfectible envers la sauvegarde du patrimoine que la Chambre des communes du Canada lui a décerné la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II, en 2012.