Service du développement professionnel
Formation continueLorsqu’on pense à un cours universitaire, une image plutôt classique nous vient à l’esprit : un professeur livre sa matière à une classe affairée à consigner les propos du jour. Cette conception de l’enseignement comme une simple opération de transmission à sens unique du savoir est battue en brèche depuis plusieurs années en éducation, et c’est d’autant plus vrai en formation continue!
On tend à favoriser une démarche inverse : on s’appuie sur les faits et les expériences, perceptions et motivations tirés des situations réelles par les apprenants pour ensuite les inviter à remonter vers les concepts et la théorie.
C’est là que les les conseillers technopédagogiques en formation continue peuvent jouer un rôle très intéressant. Ces experts ont non seulement pour mission d’aider les formateurs à exploiter au mieux les outils technologiques dans leurs activités d’enseignement, mais aussi de les amener à offrir une expérience d’apprentissage conçue spécifiquement pour la clientèle en emploi. « L’idée est de faire ressentir des choses pour faciliter l’ancrage de la connaissance par rapport à la réalité de la personne et générer un changement de comportement ou d’attitude », nous explique Bastien Bouchard, conseiller en technopédagogie à la Formation continue de l’Université Laval et à l’Académie de la transformation numérique. Intéressant, non? Poursuivons la discussion avec notre collègue Bastien.
Comment adapter les méthodes d’enseignement?
« Ma stratégie est toujours de mettre l’accent sur la scénarisation. Plutôt que de travailler uniquement à partir d’objectifs spécifiques qu’on essaie de satisfaire à la pièce par une série d’activités sans lien entre elles, je parie sur un fil conducteur fort : par exemple une ou plusieurs histoires autour de situations et de personnages réalistes auxquels l’apprenant pourra s’identifier. C’est d’ailleurs l’expérience que nous avons essayé de faire vivre aux membres de la communauté universitaire qui ont complété la formation sur les violences à caractère sexuel.
Ces histoires nous permettent de donner du sens aux contenus qu’on aborde, et c’est ce sens qui va persister à long terme chez la personne, j’en suis convaincu. Lorsqu’on participe à une activité intellectuelle, ce n’est pas tant l’information reçue en elle-même qui entraîne un changement en bout de parcours, c’est tout le chemin qu’on fait en parallèle dans notre tête, les réflexions que ça suscite.» affirme Bastien.
Quels sont les ingrédients pour concevoir une bonne formation destinée aux professionnels ?
L’ingrédient numéro 1 selon Bastien est la crédibilité. « Les gens sur le marché du travail depuis plusieurs années ont un œil critique envers les formations. Choisir de suivre une formation tout en travaillant à temps plein demande de l’engagement et ils exigent de la pertinence. Il est donc normal que les professionnels confrontent continuellement les formations auxquelles ils participent à leur réalité. « Pour être crédible et pertinent, il nous faut être cohérent et ancrer les propos de nos experts dans la réalité terrain des gens. Si nos formations ne collent pas à la réalité, on n’est pas crédible et les effets de la formation risquent de disparaître à la vitesse grand V dès qu’elle se termine. »
Deuxièmement, l’accès à l’expertise et aux compétences métiers est une grande source de motivation pour ces personnes. « La formation doit permettre d’aller chercher de l’expertise plus rapidement que par l’expérience personnelle et c’est évidemment très lié à la crédibilité qu’on accorde à l’expert », mentionne Bastien. Si la formation ouvre cette voie, on est en business comme on dit!
Qu’en est-il des formations autoportantes à distance?
« La valeur ajoutée de la technologie se trouve notamment dans les possibilités d’interaction. Quand on exploite cette interactivité, la personne sent qu’elle a un contrôle sur sa formation et que la formation lui donne du feedback » explique Bastien. Mais il ne faut pas oublier que lorsque cette rétroaction provient d’un expert, elle est encore plus précieuse à ses yeux. C’est ce qui lui permet de mesurer sa progression, et ça lui donne un point de repère par rapport à l’état de ses propres compétences. C’est un défi de recréer cette dynamique sans contact direct entre les personnes, mais c’est possible.
Pour arriver à une expérience satisfaisante d’apprentissage dans ces conditions, la collaboration entre les conseillers en technopédagogie et les experts de contenu est très précieuse. « Comme au cinéma, quand un scénariste travaille avec un réalisateur, il souhaite que ce dernier apporte une autre dimension à son histoire. »
Envie de vivre l’une des expériences d’apprentissage imaginées par Bastien? Découvrez deux de ces formations :
|
Retour à la liste