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Des bactéries pourraient être impliquées dans le développement du diabète de type 2

Québec, le 9 mars 2020 – Des bactéries pourraient être impliquées dans le développement du diabète de type 2, selon une étude publiée aujourd'hui dans la revue Nature Metabolism par des chercheurs de l'Université Laval, de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval et de l'Université McMaster. Les chercheurs rapportent en effet que le sang, le foie et certains dépôts de graisses abdominales de personnes diabétiques présentent une signature bactérienne différente de celle observée chez les non-diabétiques.

Les chercheurs ont fait cette démonstration à l'aide d'échantillons de sang et de tissus prélevés chez 40 personnes atteintes d'obésité sévère alors qu'elles subissaient une chirurgie bariatrique. La moitié des participants souffrait de diabète de type 2 alors que les autres sujets affichaient une résistance à l'insuline sans pour autant être diabétiques.

Les chercheurs ont procédé à la détection de matériel génétique bactérien dans chacun des tissus prélevés, qui provenaient du foie et de trois dépôts adipeux de l'abdomen. Le type des bactéries présentes et leur abondance relative ont permis aux chercheurs d'établir la signature bactérienne de chaque tissu.

Les analyses des chercheurs ont révélé que la signature bactérienne des personnes diabétiques n'était pas la même que celle des non-diabétiques. Elles ont également montré que l'abondance relative des bactéries variait d'un tissu à l'autre et qu'elle atteignait un maximum dans le foie et dans le grand omentum (un tissu graisseux reliant l'estomac et le côlon transverse), deux sites fortement impliqués dans la régulation métabolique.

«Nos résultats suggèrent que, chez les personnes souffrant d'obésité sévère, des bactéries ou des fragments de bactéries sont associés au développement du diabète de type 2», résume le responsable de l'étude, André Marette, professeur à la Faculté de médecine de l'Université Laval et chercheur au Centre de recherche de l'Institut.

Selon les chercheurs, le matériel génétique bactérien qui a été détecté dans ces tissus provient fort probablement de l'intestin. «On sait que l'étanchéité de la barrière intestinale est réduite chez les personnes obèses», rappelle André Marette. «Notre hypothèse est que des bactéries vivantes ou des fragments de bactéries traversent cette barrière et déclenchent un processus inflammatoire qui, ultimement, empêche l'insuline de remplir son rôle qui consiste à réguler les niveaux de glucose sanguin via son action sur les tissus métaboliques.»

Le professeur Marette et ses collaborateurs seront en mesure de pousser plus loin leurs recherches grâce à une subvention de 2 M$ accordée tout récemment par les Instituts de recherche en santé du Canada. «Notre prochain objectif est de déterminer si les bactéries retrouvées dans le foie et les dépôts adipeux de personnes atteintes d'obésité sévère sont aussi présentes chez les personnes obèses ou chez celles qui font de l'embonpoint», explique André Marette. «Nous voulons aussi vérifier si certaines des bactéries pathogènes retrouvées dans les tissus peuvent déclencher le diabète de type 2 dans un modèle animal. Enfin, nous voulons savoir si certaines bactéries bénéfiques retrouvées dans ces tissus peuvent servir à prévenir le développement de cette maladie. Si c'était le cas, elles pourraient représenter une nouvelle famille de bactéries probiotiques ou une source de molécules bactériennes pour aider à combattre le diabète», conclut le chercheur qui est aussi membre de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l'Université Laval.

Les signataires de l'étude parue dans Nature Metabolism sont Fernando Anhê (Université Laval et Université McMaster); Benjamin Jensen, Thibault Varin, Simon Marceau, Laurent Biertho, André Tchernof et André Marette (Université Laval et Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec); Michael Surette et Jonathan Schertzer (Université McMaster); Florence Servant, Sebastian Van Blerk et Benjamin Lelouvier (Vaiomer). L'étude a été financée par une subvention d'équipe des IRSC en soins bariatriques et le projet REMISSION.

Sources :
Jean-François Huppé
Relations médias
Université Laval
418 656-7785
jean-francois.huppe@dc.ulaval.ca

Joël Clément, M.A. communications
Conseiller cadre aux relations publiques, médiatiques et ministérielles
Direction des ressources humaines et des communications
Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval
418 656-4932
joel.clement@ssss.gouv.qc.ca